Dix années après la création du Centre Primo Levi, ce deuxième colloque s’est ouvert à l’heure du bilan, il avait aussi pour objectif de poursuivre notre réflexion sur les effets ravageurs de la torture et de la violence politique. Cette année, nous avions choisi de travailler autour des thèmes Errances et Solitudes. Deux termes au pluriel, pour dire ce qu’éprouve celui qui cherche à reconstruire sa vie dans l’exil, et pour rendre compte de ce qui affecte celui qui l’écoute. Deux mots qui portent en eux le poids du vide et du trop plein, qui évoquent la perte, la désolation, le voyage sans fin et l’impossible deuil. La capacité d’être seul est d’abord la possibilité d’être soi en présence d’un autre, c’est précisément ce que la torture vise à démolir, en rompant les liens avec la communauté humaine et en brisant la confiance en l’autre. L’effraction détruit les frontières de l’intime, les chocs traumatiques dévastent tout sur leur passage : le droit au secret, les frontières structurantes du corps et l’inscription sociale. Solitude paradoxale où le sujet en détresse est tout autant isolé qu’envahi par les images traumatiques, au point de ne jamais pouvoir être seul.

La violence politique et la torture menacent les fondations du langage. Elles attaquent les représentations singulières et collectives qui trament l’appartenance à l’espèce humaine. Or, la parole et l’écriture sont nos seuls appuis pour donner forme à ce qui n’en a plus, pour penser l’impensable et dire l’indicible. C’est pourquoi nous avons souhaité partager nos différents questionnements afin de continuer de résister ensemble aux assauts de la cruauté.

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