Elle lui a lavé le dos
J’ai tendu des chaussures
Elle lui a donné son manteau
J’ai ouvert le papier cadeau Marionnaud
Il lui a acheté du pain
Quelques centimes dans sa main
Elle a dit merci, merci encore
J’ai dit oui, oui d’accord
Il a baissé les yeux, gêné
J’ai regardé ailleurs, fatiguée
Le silence, les mots creux
Le bruit et le feu
Là, dehors, tout le temps
Ici et maintenant
Le bruit et le feu
Là, dedans, en eux
Il a bafouillé, les doigts serrés
Elle a murmuré, esquissé
Elle a souri, pour une fois
Pour la musique, pour ce soir là
Pour quelques notes,
Une simple joie
Ils ont dit non, encore et toujours
On a dit non d’un ton lourd
Qui est cette voix ?
Où est la voie ?
Ou serait-ce la loi ?
Il a planté son regard au loin
J’ai contemplé le plat de mes mains
Serrées, posées sur le bureau en plaqué
J’ai entendu ce bruit
Celui de l’homme
Celui de la femme
J’ai entendu ce silence sans fin
Qui ne donne rien
Mais apporte des nuits sans matins
J’ai ouvert le journal
Demain était si pâle
Il a allumé la radio
Il a refait 1000 fois le scénario
D’un film qui rend fou
D’une vie qui met à genou
Le silence, les mots creux
Le bruit et le feu
Là, dehors, tout le temps
Ici et maintenant
Le bruit et le feu
Il a marché des heures durant
Elle a pris le bus, pour passer le temps
Ils ont dormi devant l’école
Le cartable vide, la trousse sans colle
Le ventre creux,
Les yeux vitreux
Les images du souvenir
Le regard vers l’avenir
La main qui ploie
Le courrier qui broie
Des pas qui résonnent
Sur le béton, qui sonnent
Des coups que l’on donne
Dans la tête, les cris qui tonnent
Le silence, les mots creux
Le bruit et le feu
Là, dehors, tout le temps
Ici et maintenant
Le bruit et le feu
Là, dedans, en eux
Elise Plessis, assistante sociale au centre de soins Primo Levi