Fort de son expérience, légitimé par son action concrète auprès des personnes exilées, le Centre Primo Levi mène seul ou en réseau des actions de plaidoyer, de sensibilisation et d’information pour témoigner des effets de la torture et promouvoir une prise en charge adaptée et défendre le droit d’asile. Il participe régulièrement à la rédaction et la promotion de rapports de plaidoyer en lien avec d’autres acteurs associatifs. Il est aussi partenaire de campagnes d’information et de sensibilisation. Enfin, le Centre Primo Levi intervient régulièrement dans le cadre de rassemblements, rencontres, débats ou projections organisés par des partenaires associatifs ou culturels, pour apporter son éclairage et témoignage sur les effets de la violence politique et de l’exil.

Témoigner de la torture

Selon l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT France), la torture est pratiquée dans un pays sur deux. Les personnes qui en sont victimes sont recouvertes d’un voile de silence dont elles peuvent souffrir autant que des séquelles physiques et psychiques elles-mêmes. Car le silence, vécu presque comme une négation, donne raison aux bourreaux qui ont cherché à faire taire leur victime ou la communauté qu’elle représente, à effacer son identité et sa singularité. Pour cette raison, il est apparu évident, lors de la création du Centre Primo Levi en 1995, qu’il n’était pas possible de soigner les effets de la torture, et plus largement de la violence politique, sans en témoigner. Légitimé par son expérience clinique, le Centre Primo Levi apporte son témoignage au travers d’actions de sensibilisation et de plaidoyer auprès du grand public et des décideurs, pour contribuer à un changement de regard, à une prise en charge adaptée et à une amélioration des conditions d’accueil en France.

Défendre le droit à la santé

Le Centre Primo Levi accompagne, quel que soit leur statut administratif, des personnes exilées qui requièrent des soins médicaux et/ou psychiques. Ces personnes ont subi des violences au pays, ainsi que pour la plupart un parcours d’exil traumatisant et arrivent dans un état de santé physique et mentale dégradé qui nécessite une mobilisation rapide et coordonnée. Chacune d’entre elles doit pouvoir accéder à des soins, de façon inconditionnelle, sans suspicion de fraude, et bénéficier de la présence d’un interprète lorsque cela est nécessaire. En fonction de leur situation administrative, il existe plusieurs dispositifs d’accès à la santé pour les personnes exilées en France. Cependant, les réformes administratives successives tendent à restreindre leur accès aux soins et à les éloigner d’une prise en charge adaptée. Les conséquences de ces décisions sont la remise en question du principe d’universalité de l’accès aux soins, l’engorgement de services d’urgence déjà débordés, ainsi que la fragilisation des établissements et professionnels de santé.

Défendre le droit d’asile

Le défaut de reconnaissance des souffrances endurées et la crainte d’être refoulé aggravent la souffrance des femmes, des hommes et des enfants qui ont dû fuir les menaces, violences et persécutions subies dans leur pays d’origine. Témoin des effets de l’exil, de la violence politique et de la dégradation des conditions d’accueil des personnes exilées, le Centre Primo Levi s’engage dans la défense du droit d’asile en son nom propre ou au sein de différents réseaux associatifs. Son expérience rend compte d’une difficulté d’accès aux démarches administratives et à la procédure d’asile pour les primo-arrivants. A cela s’ajoute la difficulté à présenter un récit clair et cohérent pour des personnes souffrant de psychotraumatisme, ainsi que la crainte d’un refus susceptible de mener à une obligation de quitter le territoire français. L’accès aux conditions matérielles d’accueil liées à la demande d’asile, ainsi qu’à un statut administratif protecteur sont nécessaires pour permettre une stabilisation de l’état de santé des personnes exilées, dépasser les effets de la torture et envisager une lente reconstruction.

Qu’est ce que la torture ?

Selon l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT France) on peut parler de torture lorsque sont réunies les conditions suivantes :

Une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales

Un acte volontaire, programmé, répété, qui procède d’une décision (à la différence d’une bavure ou d’un acte de colère)

Un bourreau représentant une autorité officielle ou agissant sous ses ordres ou avec son consentement (policiers, militaires, gardiens de prison, groupes paramilitaires…). Les bourreaux peuvent aussi appartenir à des groupes révolutionnaires dont le but est la prise de pouvoir

Une intention d’obtenir de la victime des aveux, des renseignements, ou de la punir d’un acte commis par elle ou par un autre, ou de l’intimider, de la terroriser (elle ou le groupe auquel elle appartient) ou de lui faire payer le fait d’appartenir à une minorité.

Une volonté de porter atteinte à l’intégrité physique ou mentale d’une personne, de briser sa personnalité, d’obtenir d’elle un comportement qu’elle n’aurait pas volontairement.

L’acte tortionnaire est la résultante de tous ces éléments. Le droit international consacre le caractère absolu et indérogeable de la prohibition de la torture, qui a acquis le statut de norme à valeur coutumière.


Contact :

Maxime Guimberteau
Responsable plaidoyer et communication
Centre Primo Levi
01 43 14 85 03 / 06 98 90 18 87 mguimberteau@primolevi.org


Les rapports de plaidoyer du Centre Primo Levi