« Les médias nous montrent des images, nous parlent de ces conflits mais on oublie que les conflits génèrent des souffrances immenses, des fuites massives et des périples chaotiques »
« Ce sont toujours des « sans » alors que ce sont des personnes avec des potentiels, qui ont de surcroît montré une capacité inouïe à vivre et à se projeter »
« On sent dans tous les discours une crainte de l’appel d’air, comme si nous risquions une invasion si la France osait mettre un peu plus de moyens et accueillir un peu plus dignement les demandeurs d’asile »
Sibel Agrali, co-fondatrice et directrice du centre de soins Primo Levi
« Ce sont des gens exactement comme nous : nous-mêmes aurions pu être dans l’un de ces bateaux »
« Imaginez ce que c’est que d’être confronté à un officier à qui l’on raconte sa vie et ses souffrances, et qui vous regarde comme un menteur »
« Les Etats qui accueillent des demandeurs d’asile, dont certains peuvent avoir été persécutés, utilisent les mécanismes classiques de la justice et de l’administration. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que le psychotraumatisme détruit toutes les règles ordinaires de l’entretien »
Serge Portelli, magistrat, président de chambre près la Cour d’appel de Versailles
« C’est malheureux de se dire que la torture continue, qu’il suffit d’ouvrir un journal pour savoir qui vont être nos patients dans quelques mois »
« Les effets de la torture sont comparables à ceux de la radioactivité : on les retrouve des décennies, voire des générations après »
« On parle de « demande d’asile » comme si c’était une formalité mais pour nos patients, ça prend un sens que l’on n’imagine pas. On voit d’ailleurs les effets thérapeutiques de la reconnaissance que représente l’obtention du statut »
« Comment accueille-t-on les demandeurs d’asile en France ? On vide d’abord, et après coup on se dit : peut-être que dans le lot, il y en avait »
Omar Guerrero, psychologue clinicien, psychanalyste au Centre Primo Levi
« On s’est habitué à la pratique de la torture, et je crois à la profonde nécessité de dire à quel point c’est inacceptable parce que c’est une sortie de l’humanité »
« Je suis saisi de vertige quand je vois et compare mentalement le temps très bref qu’il faut pour briser une vie et le temps qu’il faut pour reconstruire un individu »
« L’hospitalité, à ne pas confondre avec la charité, était une notion sacrée dans l’Antiquité. En perdant de vue cette notion, nous nous sommes asséchés et enlaidis. Aujourd’hui, je crois qu’il est fondamental d’essayer de la réintroduire »
Laurent Gaudé, écrivain