Publié dans La Vie le 29 juillet.
Extrait
Sur le terrain, le HCR et la Convention de 1951 permettent-ils de garantir l’accueil des réfugiés ? “jusqu’à la fin des années 80, les réfugiés étaient accueillis décemment. Ils avaient encore l’autorisation de travailler pendant l’examen de leur demande d’asile, ce qui est interdit depuis 1991. On les considérait comme des “combattants de la liberté”, on ne niait pas la légitimité de leur présence, on ne remettait pas en doute leur discours”, regrette entre deux gorgées de café Sibel Agrali, dans son bureau bondé de dossiers, une couverture du journal Libération représentant Nelson Mandela encadrée derrière elle. En 1995, elle a cofondé le Centre Primo Levi, à Paris, qui prend en charge les traumatismes liés à la torture et à la violence politique. “En 30 ans, je ne peux pas constater qu’un durcissement des conditions d’accueil. On fait tout pour dissuader les réfugiés d’arriver. Les recommandations élaborées par le HCR ne sont pas suivies lors des entretiens menés par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides. Il y a d’emblée de la suspicion, un jugement, et cela se retrouve au niveau des statistiques : à peine un tiers des demandeurs obtiennent le statut de réfugié, toutes nationalités confondues”, reprend-elle.
Mais, pour La directrice du centre, aucun doute ; “Il ne faut pas modifier la convention. Si on faisait fonctionner ce texte dans son esprit d’origine, on pourrait y inclure beaucoup d’individus.”Elle nuance : “il faut cependant réfléchir à la prise en compte des tortures subies pendant le trajet de réfugié, qui ne fait pas office, pour l’instant, de critère pour accéder au statut. Pourtant, comme l’ montré l’actualité récente, passer par la Libye peut engendrer des traumas terribles.”