Le Centre Primo Levi a lancé un projet d’escalade pour ses jeunes patients, en partenariat avec le Club Alpin Français et parrainé par Afraa Mohammad, réfugiée d’origine palestinienne. Le but de cette initiative est d’offrir une bulle de répit et de dépasser, par la pratique sportive, les effets des violences vécues et de l’exil. Hélène Desforges, kinésithérapeute, qui a lancé ce projet au sein de notre équipe, nous explique.
Pourquoi l’escalade, qui peut être une discipline difficile ?
Effectivement, l’escalade est une pratique corporelle et sportive exigeante et nous nous faisons le pari qu’elle peut être un soutien et apporter une ossature à nos patients qui arrivent en France en situation post-traumatique. Ces personnes manquent de repères, et ont beaucoup de liens à retisser. C’est un renforcement par l’utilisation du corps. Il y a aussi la question de la confiance, qui se construit. Sur une cordée, il y a toujours deux personnes, une qui grimpe et une qui sécurise. Je te protège, tu me protèges, c’est une question de confiance.
La symbolique est très forte pour nos patients
Oui, c’est réapprendre à faire confiance dans l’humain. Ensuite, la symbolique de passer un mur est aussi très présente. Le mur est là, devant la personne ; normalement, elle ne peut rien faire, mais elle trouve un moyen de le franchir. Et elle ne le fait pas seule non plus. C’est soutenir l’idée de passer un cap, passer un mur. Nos patients ne sont plus au pied du mur, ils sont en haut.
Quel est lien avec le Club Alpin Français ?
Nous souhaitions un véritable partenariat avec le Club Alpin Français, qui s’ouvre à un public plus inhabituel pour lui. Le Centre Primo Levi est en soutien, pour que cette expérience se passe le mieux possible ; nous sommes présents à toutes les séances. Il y a une vraie rencontre qui s’est faite entre les cliniciens du centre, avec lesquels nous avons préparé ce projet, et les professionnels et bénévoles du Club Alpin Français. Mais au-delà de la rencontre entre personnes, il y a une proximité entre ce qui anime le Club Alpin français et ce qui anime le Centre Primo Levi. Le Centre veut être à l’écoute de ces personnes qui ont vécu de graves violences et que plus personne ne veut accueillir. Le Club Alpin Français est vraiment attaché à ouvrir la montagne au plus grand nombre ; ils savent que chacun y fait des expériences personnelles marquantes.
Pour nos patients, c’est l’entrée dans une communauté, dans une structure, dans laquelle le lien va se construire. A terme, ils vont devenir adhérents du Club Alpin et participer à ses activités, en autonomie, sans la présence de nos praticiens. Nous sommes en train de former le premier groupe de patients actuellement ; les premières séances ont débuté en janvier 2025 et se passent très bien. Elles durent deux heures environ, une fois par semaine. L’idée est que ce premier groupe forme à son tour le suivant, selon l’état d’esprit collectif et solidaire qui anime l’alpinisme.