Publié dans Le lien social.
Extrait.
« La violence qui a provoqué la fuite et l’exil vient attaquer le lien social avec la famille et le cercle de proches, elle altère la possibilité d’être en lien avec l’autre de manière sécurisée, analyse Élise Plessis, assistante de service social au centre Primo Levi de Paris qui soutient et accompagne les demandeurs d’asile. En plus, les violences répétées dans le pays d’origine et sur le parcours d’exil, viennent se prolonger dans des conditions d’accueil déstructurantes. Cette répétition de la violence psychique et physique nourrit le lien parent-enfant et produit un phénomène de grappe parce qu’il faut faire corps.” L’enjeu pour le travailleur social, c’est de remettre de l’écart, donc du mouvement malgré des conditions de vie arides. » Le quotidien d’un demandeur d’asile est figé dans la procédure administrative, une attente mortifère ponctuée de récépissés, de rejets, de procédures en appel… Ça peut durer des années, sans pouvoir avancer au niveau de l’insertion professionnelle. « Il faut essayer de produire un mouvement pour eux-mêmes, ça peut passer par des cours de français, du bénévolat, des activités par lesquelles ils peuvent essayer de retrouver une place sociale », précise l’assistante de service social. Plus prompts à apprendre la langue du pays d’accueil, les enfants se retrouvent au centre, des échanges entre l’administration et leurs parents. L’enfant-interprète traduit et bataille pour ses parentsn ui dès lors n’incarnent plus l’adulte référent, protecteur. « Pour qu’ils puissent reprendre les rênes, nous recourons à l’interprétariat, souligne Elise Plessis. L’interprète va accompagner sur l’ouverture de droits, ce qui permet un travail d’instruction civique, de transmission de la culture administrative française et de sa logique. Ça les sort d’une position d’êtres soumis, subissant des injonctions sans rien y comprendre. »