“La mission parlementaire de l’an dernier sur “l’accès aux soins des plus démunis” l’a confirmé : des millions de nos concitoyens en grande précarité, des salariés pauvres, intérimaires, en contrats courts, en temps partiels subis, des jeunes ou retraités modestes sont dramatiquement exclus de l’accès aux soins.
Ces très grandes inégalités dans l’accès à la santé se cumulent avec d’autres : non accès aux droits au logement, à l’emploi, aux transports, à la formation, à la culture, aux aides sociales, à la protection judiciaire, au sport, à l’énergie, la nature…
Les mêmes mécanismes jouent en spirale et les mêmes catégories en subissent les conséquences. Le résultat est là : des millions de personnes ne font même plus valoir les droits qui leur sont pourtant conférés par la loi.
Alors que les coûts de long terme du non recours sont massivement catastrophiques, certaines institutions, et y compris l’Etat, spéculent discrètement sur ce renoncement pour réaliser des économies de très court terme.
Dans son rapport remis au Premier Ministre en septembre 2013*, la sénatrice Aline Archimbaud en appelait comme bien d’autres avant elle à “un choc de solidarité”. Elle proposait 40 mesures, à portée de main:
· Une vague de simplifications s’attaquant enfin à des lourdeurs bureaucratiques kafkaïennes,
· La suppression des obstacles financiers les plus lourds,
· La mise en place de dispositifs de prévention accessibles,
· L’encouragement à l’essaimage de nombreuses pratiques innovantes mais peu reconnues.
Quelques-uns de ces éléments ont été pris en compte par les pouvoirs publics, mais il reste beaucoup à faire. Il est donc temps de faire entendre plus largement ces interpellations et surtout de les élargir à tous les thèmes et populations concernés par le non recours aux droits.
Voilà pourquoi, afin de lancer une dynamique nationale de mobilisation, nous proposons la tenue d’un premier forum pour l’accès aux droits en Seine Saint Denis. Ce département est en effet à la fois un révélateur, un exemple et un levier à l’échelle du pays.
Il s’agit, en deux vagues d’ateliers, par domaines puis par catégories de personnes concernées, de faire émerger des propositions très opérationnelles, de court ou moyen terme.
Il s’agit ensuite de porter dans une plénière ces propositions à la connaissance et à la réaction des décideurs locaux (administrations, services publics, institutions, collectivité) qui accepteraient de se soumettre honnêtement à cet exercice démocratique en face à face.
Il s’agit enfin de décider des formes souples de coordination permanente et d’action entre tous les acteurs qui voudront s’investir dans la suite de la mobilisation et notamment dans d’autres forums du même type.
Nous appelons les associations, syndicats, les professionnels, universitaires, les experts citoyens et tous ceux qui se sentent concernés à se joindre à nous pour préparer ce forum, à contribuer sur le site que nous mettrons en place, et à lui donner le maximum d’écho.”
*Aline Archimbaud a fait paraître en septembre 2013 un rapport contenant 40 propositions sur “L’accès aux soins des plus démunis” pour lequel elle avait auditionné le Centre Primo Levi.