« Il y a un fort oubli de soi-même » : la prise en charge psychologique des réfugiés ukrainiens

Publié sur les Dernières Nouvelles d’Alsace

Au moins 36 000 Ukrainiens sont arrivés en France depuis le début de l’offensive russe le 24 février. Pour ces réfugiés déracinés par la guerre, dont certains ont pu subir des traumatismes, la question de l’accompagnement psychologique se pose. Plusieurs associations sont prêtes à les accueillir, une fois leur situation stabilisée.

Par Cyrielle THEVENIN – 18 avr. 2022

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février, au moins 36 000 Ukrainiens sont arrivés en France. Nombre d’entre eux ont subi des traumatismes, alors que les accusations de crimes de guerre envers la Russie se multiplient. Dans une circulaire publiée le 10 mars, plusieurs ministres français demandaient une « attention particulière » portée à la prise en charge sanitaire, y compris sur le plan de la santé mentale, des réfugiés « compte tenu du contexte de leur départ et de leur vulnérabilité ».

« Les personnes ne s’autorisent pas à dire qu’elles vont mal, car elles ont laissé des proches derrière elles »

« Aujourd’hui, leur proposer immédiatement des soins de santé mentale, c’est précoce. Il faut les laisser s’installer. Certains, grâce à la résilience, n’auront pas besoin de soins en santé mentale. Faut laisser le temps », considère Sabrina Bignier, directrice exécutive de Parcours d’Exil, une association spécialisée dans l’accompagnement thérapeutique des exilés souffrant de psychotraumatisme. 

Le centre d’action sociale protestant (Casp), qui a ouvert plusieurs centres d’hébergement en banlieue parisienne, confirme que la priorité est ailleurs. « On a déclenché des passages des équipes des cellules d’urgence médico-psychologique dans tous nos centres mais les personnes ont parfois du mal à considérer qu’elles vont mal et ne s’autorisent pas à dire qu’elles vont mal, car elles ont laissé des proches derrière elles. Il y a un fort oubli de soi-même », constate Aurélie El Hassak-Marzorati, directrice générale du Casp. « En général, les personnes commencent à penser à leur situation psychologique quand la tension s’est apaisée dans le pays d’origine », abonde Maxime Guimberteau, responsable communication du Centre Primo Levi, qui accompagne les réfugiés victimes de torture et de violence politique