Les traumatismes de la guerre


Le Centre Primo Levi soigne et accompagne des personnes qui ont été victimes de torture et de violence politique dans leur pays d’origine et sont exilées en France. Beaucoup viennent de pays en guerre. Ces personnes se trouvent dans des situations complexes et ont besoin d’une écoute et une prise en charge adaptées.
La guerre est fondée sur la volonté de destruction de l’autre, de tout un peuple ou d’un groupe désigné comme l’ennemi. Les guerres sont toujours le théâtre d’actes de barbarie, de transgression de tabous sociaux, qui s’inscrivent aussi dans cette volonté d’anéantir l’autre. L’utilisation des violences sexuelles a pour but d’humilier et punir les vaincus, de marquer les victimes pour fragiliser et détruire leur communauté.
Le psycho-traumatisme est défini comme l’ensemble des troubles psychiques immédiats, post immédiats puis chroniques pouvant se développer chez une personne après un événement traumatique ayant menacé son intégrité physique et/ou psychique. La confrontation directe avec la mort, pour soi-même ou pour ses proches, constitue un événement profondément traumatique. Le contexte de guerre produit ceci de particulier qu’il va ajouter un traumatisme collectif, celui d’un peuple ou d’une nation, au traumatisme individuel de la personne.

Les effets durables de la guerre

Même lorsque les personnes ont pu fuir et sont en sécurité dans un autre pays, les effets de la guerre sont toujours présents. Ils sont particulièrement difficiles à surmonter quand le conflit est toujours actif dans le pays, que des proches s’y trouvent encore et sont engagés dans les combats. Les rescapés ressentent une profonde culpabilité, l’angoisse devant un avenir incertain. Les traumatismes entrainent de nombreux symptômes, tels que la reviviscence et l’évitement. Les personnes concernées sont sans cesse replongées dans la situation traumatique, par des bruits, des images, des sensations. Pour échapper à cela, elles vont s’efforcer d’éviter tout ce qui pourrait leur rappeler cette situation, jusqu’à s’isoler, ne plus sortir ou presque dans certains cas. D’autres symptômes comme l’état d’hyper vigilance peuvent apparaitre et prendre différentes formes (insomnies, hypersensibilité, irritabilité, troubles de l’attention). De plus, les conditions de vie dans le pays d’arrivée vont parfois réactiver les traumatismes. Si l’on peut se féliciter de l’élan d‘accueil et de mobilisation qui a accompagné l’arrivée des réfugiés ukrainiens, force est de constater que d’autres personnes rescapées de conflits connaissent la suspicion, l’hostilité, les hébergements précaires et insalubres ou la vie à la rue. Avec d’autres associations, le Centre Primo Levi demandait publiquement dans une tribune publiée en mars dernier que des conditions d’accueil dignes pour tous soient la règle et non l’exception. Les effets des traumatismes ont un impact important sur la vie quotidienne des personnes. Les nuits d’insomnie et de cauchemars les épuisent physiquement et mentalement, affectent la mémoire, la concentration, l’appétit… Cela provoque des crises d’angoisse, de graves conséquences pour leur santé physique et mentale, l’équilibre familial et leurs relations avec les autres, compromettant leur intégration dans la société d’accueil. Si rien n’est fait pour soulager leurs souffrances, le risque est grand de les voir s’aggraver et se traduire en profondes dépressions, tendances suicidaires, pathologies chroniques très lourdes.

Pour une prise en charge adaptée


Pour apporter une réponse satisfaisante à ces situations, le Centre Primo Levi a fait le choix de développer la pluridisciplinarité des équipes. En effet, très souvent la personne victime de violences intentionnelles ne parvient à surmonter leurs effets qu’en combinant différentes formes de soutien : suivi psychologique et médical, accompagnement social et juridique. Le recours à l’interprétariat et à la langue du patient dans la prise en charge proposée au Centre Primo Levi va permettre de l’inscrire dans un groupe plus large, dans son cadre de référence et d’appartenance. La langue est bien souvent la seule chose qui lui reste quand il a tout perdu : famille, amis, travail, maison, pays. Cette prise en compte de la langue maternelle est essentielle pour permettre aux personnes victimes de violences extrêmes de retrouver leur place dans un espace de circulation de la parole, dans ce qu’elle constitue un lien aux autres. L’écoute et la mise en confiance constituent des étapes essentielles pour surmonter les effets du traumatisme. Avoir connu la guerre entame profondément et durablement la capacité de refaire confiance, de tisser des liens comme avant. La prise en charge des effets du psycho traumatisme demande donc une approche adaptée. Il est essentiel que les professionnels et les bénévoles qui accueillent, soignent ou accompagnent ce public soient formés et sensibilisés à ces effets. C’est dans ce but que le Centre Primo Levi propose des outils de partage d’expérience et de transmission dans de nombreuses disciplines et qu’il s’est mobilisé récemment pour soutenir les professionnels de santé ukrainiens, comme expliqué ci-après.

Encart
Les ressortissants ukrainiens réfugiés en Europe bénéficient de la protection temporaire, un dispositif
prévu par une directive européenne de 2001 qui n’avait jamais été activée, malgré des demandes de
nombreuses ONG, dont le Centre Primo Levi, pour en faire bénéficier les personnes fuyant la Syrie,
l’Irak ou l’Afghanistan.