Un événement inédit vient d’avoir lieu au Palais de Tokyo : les communautés artistique et intellectuelle se sont mobilisés pour les réfugiés autour d’une semaine de programmation culturelle en partenariat avec 5 associations (dont le Centre Primo Levi). Des tables rondes, des projections, des animations et l’exposition des œuvres offertes par 26 artistes contemporains de renommée internationale, rarement exposés à Paris, étaient proposées en accès libre du 16 au 21 septembre.
Elle, La Vie, Arte, Les Inrocks, Vogue… Les médias aussi se sont massivement mobilisés pour contribuer au succès de l’événement. Le vernissage et les tables rondes, temps forts de la semaine, ont vu les espoirs de fréquentation largement dépassés.
La programmation s’est clôturée en force et en beauté :
► 20 septembre à 19h : la table ronde “FRANCE ET HOSPITALITE – Quelle est la réalité de l’accueil pour ceux qui fuient la violence ?” Modérateur : Natalie Nougayrède (journaliste, The Guardian) Une fois les frontières passées, le parcours du combattant est loin d’être terminé pour ceux qui ont fui la violence. Il faut encore trouver à se loger, de quoi se vêtir et se nourrir, obtenir des papiers, soigner ses blessures psychiques et physiques. Or la France, tout en présentant une image de pays d’accueil ouvert et généreux, a en réalité mis en place une véritable politique de l’inhospitalité dont la fonction est de participer à la régulation des « flux migratoires » et de décourager un maximum de futurs « candidats à l’immigration », selon les termes consacrés. Une politique du chiffre guidée par une logique court-termiste, qui place les demandeurs d’asile dans une instabilité et une précarité aux effets ravageurs. Nombre d’entre eux arrivent dans un état de grande souffrance : ils ont peut-être fui les geôles de leur pays mais ils restent prisonniers de leurs corps meurtris, de leurs cauchemars éveillés et des douves profondes que leurs tortionnaires ont creusées autour d’eux. Pourtant, la question de la santé de ces personnes reste absente des discours et des politiques publiques, laissant les quelques centres de soins associatifs existants seuls sur le terrain. ► 21 septembre à 19h : Modérateur : Vincent Edin (journaliste et essayiste) Accueillir des personnes exilées induit de les considérer avant tout pour ce qu’elles sont : des individus (et non une nébuleuse nommée « migrants ») avec un passé, un présent et un avenir. Des êtres sociaux, dotés de savoir-faire et de qualités d’adaptation et de résilience. L’accueil doit leur donner les clés de la nouvelle société qui est la leur – dans ce cas précis, la société française. Tout commence par la possibilité de s’exprimer, comprendre ce qui se dit, les codes de vie, de travail, de spontanéité comme de protocole. Cela induit aussi que la société d’accueil reconnaisse les talents et s’organise pour y saisir toute l’opportunité d’un métissage culturel heureux. Ce dispositif peut être mis en place dignement. Les quatre associations présentes autour de cette table ronde valorisent les capacités de chacun. Humanistes et non humanitaires, elles ont construit leur modèle sur la conviction réaliste qu’en rendant aux individus leur dignité, et en leur donnant la possibilité d’éclore au travers de leurs capacités, une société plus solide et dynamique pourra se construire dans le long terme. ► 21 septembre à 21h : une performance musicale d’Uriel Barthélémy basée sur des fragments de discussions avec des réfugiés dans la rue à Paris Ces fragments transmettent leur parole sans artifice enjoliveur. Ils nous mettent en relation directe avec la fragilité des êtres qui se retrouvent dans la rue après des voyages qui ont parfois duré plusieurs années. Le dialogue imprévisible des fragments sonores mis en confrontation avec le jeu batterie/ordinateur est une conséquence directe, sans romance, une réaction à vif de l’interprète… ici il n’est question que de sensations, plongeant dans les situations des personnes face à la dureté de l‘exil. Uriel Barthélémi : batterie / ordinateur / synthé ocs |
L’ensemble de la programmation est en accès libre et gratuit, sans réservation nécessaire. Les œuvres exposées au Palais de Tokyo seront proposées lors d’une vente aux enchères en collaboration avec Christie’s à la Galerie Azzedine Alaïa. L’ensemble des fonds sera reversé aux 5 associations qui accueillent et soignent les réfugiés dès leur arrivée en France et œuvrent à leur intégration dans les meilleures conditions possibles.
Les artistes
Les oeuvres présentées dans l’exposition au Palais de Tokyo et proposées par Christie’s lors de la vente aux enchères organisée à la Galerie Azzedine Alaïa ont été, pour partie, réalisées spécialement pour l’événement et sont offertes par les artistes suivants et leurs galeries.
ADEL ABDESSEMED JOHN ARMLEDER NAIRY BAGHRAMIAN NEIL BELOUFA ABRAHAM CRUZVILLEGAS JIMMIE DURHAM LATIFA ECHAKHCH MATIAS FALDBAKKEN ISA GENZKEN |
WADE GUYTON MONA HATOUM GLENN LIGON ANNETTE MESSAGER GABRIEL OROZCO LAURA OWENS LAURE PROUVOST UGO RONDINONE ANRI SALA |
CINDY SHERMAN RUDOLF STINGEL STURTEVANT MARTIN SZEKELY WOLFGANG TILLMANS RIRKRIT TIRAVANIJA OSCAR TUAZON DANH VO |
Les associations bénéficiaires
Les associations bénéficiaires interviennent à différentes étapes du parcours des réfugiés et leurs actions sont complémentaires. Elles défendent toutes les droits de l’Homme et partagent l’idée que l’humanité ne peut grandir qu’en se construisant autour des notions de respect, d’hospitalité et d’altérité.
Le comité d’honneur
Créé en 2005, MIGREUROP est un réseau international de militants et de chercheurs qui fait connaître et dénonce les logiques de mise à l’écart des étrangers induites par les politiques migratoires de l’Union européenne : camps, expulsion et fermeture des frontières. | Fondée en 1989, l’ANAFE est une association unique en son genre, qui milite pour le respect des droits des étrangers aux frontières ou dans les zones d’attente et dénonce les violations des droits humains dans ces lieux privatifs de liberté. | Créée en 1939, LA CIMADE est une association de solidarité active avec les personnes réfugiées et migrantes dans leur accès aux droits (asile, santé, logement, intégration), et informe et sensibilise sur les enjeux liées aux migrations. |
Fondé en 1995, le CENTRE PRIMO LEVI est une des rares structures en France à traiter de manière globale les traumatismes directs et indirects, visibles et invisibles, liés aux effets de la torture et de la violence politique. | Créée en 2016, THOT est une nouvelle école de français diplômante pour les réfugiés et demandeurs d’asile n’ayant pas ou peu été scolarisés dans leur pays, qui répond au besoin d’intégration sociale et économique des personnes exilées. |
Azzedine Alaïa – Couturier Abd al Malik – Musicien, compositeur, écrivain et réalisateur Rémi Babinet – Co-Président et Co-Fondateur de BETC Patrick Boucheron – Historien, Professeur au Collège de France Catherine Deneuve – Actrice Laurent Gaudé – Écrivain Maja Hoffmann – Présidente de la Fondation LUMA Bruno Latour – Directeur scientifique de Sciences Po Paris |
Jean de Loisy – Président du Palais de Tokyo Edgar Morin – Philosophe Ariane Mnouchkine – Metteur en scène et Fondatrice du Théâtre du Soleil Hans-Ulrich Obrist – Directeur artistique de la Serpentine Galleries Irene Panagopoulos – Collectionneuse François Pinault – Fondateur de Kering, Président Fondateur de la Collection Pinault Alain Prochiantz – Administrateur du Collège de France |
Une initiative de
Julie Boukobza, Chantal Crousel, Blanche de Lestrange, Niklas Svennung et Marine Van Schoonbeek
En partenariat avec