Le langage est ce qui caractérise l’humain. En tant qu’être parlant, l’homme crée et transforme son monde. Tout peuple, toute civilisation, repose sur le langage, espace symbolique qui,se déploie en discours et en parole. Les discours déterminent des liens entre les êtres parlants. Ils portent les valeurs, les références identitaires et politiques du vivre ensemble. La parole, quant à elle, excède l’ordre du collectif. C’est par cette parole singulière que le désir de l’homme se fait entendre.
Nous avons constaté un malaise grandissant, dans notre pratique clinique et notre activité de formation, tant auprès de nos patients qu’auprès des professionnels qui accueillent des demandeurs d’asile.
Que pouvons-nous dire de notre expérience, lorsqu’à la désubjectivation du sujet par la violence qu’il a subie s’ajoutent les effets ravageurs des discours et des actes produits par la société au sein de laquelle le demandeur d’asile tente de trouver refuge ?
Qu’est devenu, en France, l’énoncé terre d’asile dans le discours politique actuel ? Comment repérer, dans le langage d’une société, les moments et les formes d’irruption de la violence à l’œuvre dans ses discours ? Et quels en sont les effets sur le collectif et sur chaque sujet ? Nous avons affaire à cela, à la subjectivité de notre époque, disait Lacan. Dès lors, nous interroger sur les discours qui la traversent est incontournable.