Dis-moi qui t’a blessé, je te dirai d’où tu viens.
Dis-moi ce qui te blesse, je te dirai qui tu es.
Soigner c’est comprendre, soigner c’est apprendre.
L’être humain est irréductible.
Toute tentative de le réduire à un corps, pour des raisons pratiques ou idéologiques, porte atteinte à sa dignité et à son intégrité, aboutit à un moindre soin.
Son esprit peut, comme le corps, subir un choc, il peut être blessé et donc soigné.
Ce sont des soignants qui l’ont appris de ceux qui revenaient de la guerre du Vietnam.
Puis ils ont témoigné, et ils se sont battus pour faire admettre cette idée qu’il existe des blessures psychiques, qu’il existe un « psychotrauma ».
A propos d’une personne qui revient traumatisée d’une zone de conflit, on ne dit plus « un lâche » ou « un faible », on dit « un patient ».
Le soin est une science humaine et une science politique.
Le Centre Primo Levi s’inscrit dans cette lignée en se battant au quotidien contre toute tentative de simplifier, de standardiser, d’accélérer, d’exclure et donc de réduire le soin en qualité et en dignité.
Les personnes exilées victimes de la violence politique que nous soignons au Centre Primo Levi nous invitent à un dialogue singulier entre la blessure et le blessé, à une réflexion qui est au cœur du message de Primo Levi sur l’homme irréductible confronté à la violence éternelle.
C’est l’iniquité et l’unicité de cette violence qu’il faudra décrypter, démêler, apaiser, soigner avec au cœur la modestie de celui qui sait qu’on ne pourra pas réécrire l’histoire, avec au cœur cet idéal que ce soin est un chemin de paix.
Le Centre Primo Levi a fait le choix d’inscrire la psychanalyse au cœur du soin, comme une démarche scientifique et clinique, réfléchie, inscrite dans un temps long, profond et individualisé. C’est un choix essentiel.
Le Centre Primo Levi a aussi fait le choix du croisement des pratiques et des savoirs autour du patient et avec lui.
La bonne mesure du soin, c’est le « sur mesure ».
Celui qui a été complétement dénudé, dont l’existence ne tient plus qu’à un fil, il nous appartient de le revêtir du plus ajusté des costumes, pour l’aider à vivre la suite de son histoire.