L’heure est grave : malgré les nombreuses alertes de nos associations, nos députés viennent d’adopter un projet de loi visant à systématiser l’expulsion des déboutés du droit d’asile. Or cette enquête apporte une nouvelle preuve – s’il en fallait – que parmi les déboutés du droit d’asile se trouvent beaucoup de personnes qui ont de réelles craintes de persécutions mais qui, dans le temps et les conditions imparties, n’ont pas été entendues.
Pour Eléonore Morel, directrice générale du Centre Primo Levi qui soigne et défend les personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France, “la logique de suspicion et d’expulsion, à l’œuvre dans nos politiques migratoires depuis 30 ans et portée à son comble par l’actuel projet de loi, représente une menace grave pour nos patients et pour tous ceux qui viennent demander une protection en France.”
Plus de la moitié des patients du Centre Primo Levi ont été déboutés du droit d’asile, comme le révélait le rapport Persécutés au pays, déboutés en France publié par l’association en novembre 2016. Ils viennent du Soudan, de RDC, de Tchétchénie et d’à peu près tous les pays où la violence fait actuellement loi. Et ce constat alarmant est largement partagé par les acteurs de terrain (travailleurs sociaux, soignants, avocats et autres accompagnants).