La France pointée du doigt par le Conseil de l’Europe

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Une fois de plus, tout est dit. Sauf que cette fois-ci, ce ne sont pas les dizaines d’associations de défense des droits de l’homme et de l’asile qui le disent, mais le Conseil de l’Europe. Le rapport présenté le 17 février dernier par le Commissaire aux droits de l’homme [1] n’est nullement flatteur pour la France, dénonçant « des insuffisances graves et chroniques du dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile ».

Le Commissaire dénonce premièrement un recours « inadapté et coûteux » au dispositif d’hébergement d’urgence, et « appelle les autorités à permettre l’accès aux CADA [2] de tous les demandeurs d’asile » sans exception. Il pointe en effet du doigt le fait que seuls 33% des demandeurs d’asile aient été admis en CADA en 2014.

Deuxièmement, il encourage les autorités à « mettre rapidement en place l’allocation unique généralisée à tous les demandeurs d’asile prévue par le projet de loi relatif à la réforme de l’asile [3] et à déployer les moyens financiers nécessaires afin que son montant soit suffisant pour garantir un niveau de vie digne et adéquat pour la santé des demandeurs d’asile ». En effet, l’Allocation temporaire d’Attente n’est actuellement pas ouverte à tous les demandeurs d’asile et ne s’élève qu’à 11,20€ par jour et par adulte, les enfants à charge n’étant pas pris en compte dans cette aide.

Troisièmement, le Commissaire dénonce le manque de générosité de la France vis-à-vis des Syriens et l’invite à « lever tous les obstacles qui empêchent les personnes fuyant le conflit en Syrie à demander asile » (obstacles liés principalement à la nécessité de visa). En effet, sur les 3,8 millions de réfugiés syriens, la France n’a accepté d’accueillir que 500 personnes en 2014 et le même nombre en 2015, soit 30 fois moins que son voisin allemand.

Depuis des années, la Coordination française pour le droit d’asile – dont fait partie le Centre Primo Levi – fait le constat alarmant de la précarité extrême d’un grand nombre de demandeurs d’asile.

Au Centre Primo Levi, où près de 350 personnes victimes de la torture réfugiées en France sont chaque année accueillies et prises en charge par une équipe pluridisciplinaire, l’activité des services social et juridique ne cesse de croître. Là où, dans les premières années de la création du centre de soins (1995-1997), cet accompagnement prévu pour être secondaire se faisait principalement sur des questions d’information générale, d’accès aux soins ou d’aide familiale, ce sont aujourd’hui pour beaucoup des patients déboutés du droit d’asile, sans domicile et mal nourris, qui s’adressent à ces services.

Cette insécurité permanente et ces conditions sanitaires déplorables pèsent lourd sur le travail des psychologues cliniciens et des médecins du Centre Primo Levi, qui se sentent de plus en plus impuissants face à des angoisses liées à des situations d’extrême précarité.

[1] Le rapport est consultable en français à cette adresse.

[2] Centre d’Accueil pour Demandeur d’Asile.

[3] Examiné en conseil des ministres en juillet 2014 et voté par les députés en décembre 2014, ce projet de réforme reste à être discuté au Sénat en avril ou mai 2015.