Publié sur Elle le 07 juin 2021
Extrait :
Tel est aussi le danger pour les membres de cette diaspora politique : se voir dénoncés ou même attaqués, dans les pays qui les accueillent, par des concitoyens nationalistes belliqueux. Sans parler des services secrets turcs, qui se chargent de certains « traîtres à la nation », pourchassés, enlevés, torturés parfois, où qu’ils se trouvent à l’étranger. C’est le cas pour les « gülenistes », membres d’une confrérie religieuse, dont Erdogan affirme qu’ils seraient les auteurs du coup d’État de 2016. « Le gouvernement se targue de telles opérations, notamment dans les Balkans », confirme Dündar. D’autres sont passées sous silence, comme l’assassinat en 2013, au coeur de Paris, de trois
militantes kurdes et turques du PKK, le bras armé des indépendantistes kurdes. Derrière l’assassin, l’implication du pouvoir turc; fait peu de doutes, une enquête belge ayant même révélé récemment l’implication de l’ex- ambassadeur de Turquie en France dans l’affaire. Sibel Agrali, directrice du Centre Primo-Levi de soins et de soutien pour les personnes victimes de la torture et de la violence politique réfugiées en France, mentionne la présence de nombreux patients d’origine turque. « Jusque récemment, il s’agissait surtout de militants politiques de gauche, principales victimes des persécutions en Turquie, précise-t-elle. Nous avons désormais de plus en plus de Kurdes. Tous, en tout cas, ont un passé politique intense. »