L’histoire de Yara, 7 ans

L’histoire de Yara, 7 ans

Yara avait 7 ans quand la guerre a envahi son quotidien.

Son ancienne ville était pleine de lumière, les rues sentaient le jasmin et les voisins s’arrêtaient devant les portes pour discuter. Elle aimait aller à l’école pour retrouver ses amis. Elle se souvient des soirées à la maison, du bruit des casseroles, du rire grave de son père aux blagues de son frère, de la douceur de sa mère quand elle lui racontait une histoire au coucher. 

Puis, la terreur s’est glissée dans les murs de sa ville. Yara a compris, sans qu’on lui explique, que quelque chose venait de changer pour toujours. Bus, marche, camions, villes inconnues, frontières… Les gens autour d’elle changeaient chaque jour. Lina se souvient du froid qui traversait ses vêtements, des adultes qui chuchotaient autour du feu, des autres enfants comme elles. Le trajet fut très difficile et elle se sentit soulagée quand elle arriva en France.

Mais ce n’était pas comme elle espérait.

Elle se souvient d’avoir dormi près d’une gare bondée, la tête posée sur les genoux de sa mère, essayant d’oublier les bruits autour. Il y a eu ensuite une petite chambre dans un bâtiment ancien. Le chauffage ne fonctionnait pas toujours mais « ça allait ». Les murs étaient minces. Yara entendait les discussions des autres gens comme si elles se passaient chez elle. Heureusement, il y avait une porte qui se fermait. Elle avait peur quand même et ses nuits étaient encore remplies de bruits qu’elle croyait avoir laissés derrière elle.

Les démarches administratives, les files d’attente pour la distribution des repas, les questions posées dans une langue qu’elle ne comprenait pas, les longs trajets en bus ou en train, la nouvelle école … tout cela était comme un labyrinthe. Sa mère se démenait chaque jour et Yara voyait sa fatigue, sa tristesse, mais aussi sa détermination.

Un après midi, sa mère l’a amené dans un lieu très éloigné de leur hôtel pour discuter avec une dame. C’est ainsi qu’elle a rencontré Emilie, une psychologue. Sa voix était douce et rassurante. Au début, Yara restait silencieuse. Les séances suivantes, Emilie lui proposait de dessiner, tout ce qu’elle voulait. Elle lui posait aussi des questions. Emilie a aussi téléphoné à l’école. Plusieurs fois.

Petit à petit, les choses ont changé.

Au début, c’était très dur à l’école. Les mots semblaient impossibles à apprivoiser. Les autres enfants étaient parfois maladroits, parfois très gentils. Elle avait aussi du mal à lire au tableau mais n’avait jamais pu le dire.

Maintenant, Yara a des lunettes. Elle n’a plus peur d’aller à l’école et rit aux blagues de ses camarades. Elle est fière de savoir parler deux langues. Yara va aussi tous les mois à un atelier de clowns avec sa mère où elle s’amuse beaucoup avec les autres enfants. Même sa mère rit !

Toutes deux vivent toujours dans la petite chambre, mais Lina se sent mieux, plus forte. Elle est parfois encore un peu triste, surtout quand elle pense à son père et son frère. Mais elle avance, entourée, écoutée.

Sa mère aussi voit une psychologue et deux autres personnes dans le même lieu qui l’aident pour les démarches administratives et le quotidien.

Aujourd’hui, nous ne sommes plus seules !

Ici, nous sommes à leur écoute et cheminons à leurs côtés – et aux côtés de leur.s parent.s – pour qu’ils puissent retrouver leur âme d’enfant et rêver d’un avenir.

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