Article paru dans le rapport annuel 2021.
Notre centre de formation vient d’obtenir la certification Qualiopi. Ce nom (inspiré de Calliope, muse de la poésie épique dans la mythologie grecque) marque une nouvelle étape dans notre volonté de transmettre. Pauline Wetzel, responsable de la formation et Marie Daniès, chargée de mission, nous expliquent.
Que veut dire cette nouvelle certification Qualiopi ?
Pauline Wetzel : Cela certifie la qualité de l’organisation de la formation, qui se base sur 7 critères et 32 indicateurs auxquels nous avons répondu. Cette certification permet, par ailleurs, aux professionnels salariés de faire financer leur formation continue par l’État et représente un des seuls moyens pour prendre en charge des temps de formation visant à améliorer l’accompagnement des personnes exilées. Les personnes qui se forment au Centre Primo Levi sont surtout issues du champ social, sans beaucoup de financements propres. C’est vraiment une question d’accessibilité à la formation et donc à la montée en compétence des salariés.
Marie Daniès : Cette certification est intervenue durant la période de mise en œuvre de notre plan d’action 2020-2023, qui a fait de la formation une priorité stratégique. La capacité d’accueil de notre centre de soins est limitée, donc si nous voulons offrir un accompagnement adapté et le plus large possible aux personnes exilées, cela passe par la formation des médecins, psychologues, avocats ou assistants sociaux, qui sont présents dans les dispositifs de droit commun (cabinets médicaux, centres de santé, hôpitaux publics et de service public). Qualiopi pose un cadre. Le travail préparatoire à l’obtention de la certification a été de formaliser notre mode de fonctionnement et de penser à créer de nouveaux processus pour répondre aux critères et indicateurs, comme celui de l’accessibilité de nos formations. Identifier les besoins, être au plus proche des souhaits des participants avant et après les formations, intégrer les formateurs et formatrices dans une démarche continue d’apprentissage, tout cela fait partie des éléments que nous avons par exemple mis en avant.
PW : Pour permettre la montée en compétence des publics accompagnant des personnes exilées, il nous faut, en tant que centre de formation, améliorer la connaissance de nos publics pour proposer des modalités adaptées aux besoins et aux contraintes de chacun, comme, par exemple, des ressources numériques ou l’organisation de formations de plusieurs jours auprès de salariés d’une même structure. L’enjeu est de pérenniser l’activité du centre de formation avec un fonctionnement qui soit en même temps adapté à la taille du Centre Primo Levi et conformes aux obligations légales liées à Qualiopi.
Pourquoi cette volonté de transmettre aux professionnels, bénévoles ou salariés ?
MD : Les effets du traumatisme commencent tout juste à être intégrés dans certains cursus de formation. Il y a pour nous un vrai enjeu de former les professionnels du soin et de l’accompagnement pour qu’ils soient en mesure de bien identifier les traumas sans forcément entrer dans une dimension pathologique.
PW : Les formations permettent une prise de recul indispensable sur leur manière de faire et sur les effets de leur pratique. Cela veut dire reprendre son souffle dans un contexte très difficile pour bon nombre de travailleurs sociaux et professionnels de l’accompagnement.