Le Centre Primo Levi a récemment mis en place un groupe de parole pour ses patientes et patients, avec le but de renouer le lien social, et renforcer le soin.
Notre centre de soins a constaté l’isolement important dans lequel vivent nos patientes et patients, y compris celles et ceux ayant trouvé en France des liens avec leur communauté d’origine. Il existe une grande difficulté de pouvoir construire du lien social en exil, liée à l’effet destructeur de la violence politique sur les relations avec autrui (perte de confiance en l’autre, méfiance généralisée …).
Cette solitude peut aussi être pensée comme un effet de la honte qui est associée au vécu traumatique. Parler, c’est risquer de s’exposer, de plonger et de faire plonger l’autre dans une expérience vécue comme « obscène ».
Sur un plan thérapeutique, intégrer en première intention un groupe de parole peut être un préalable nécessaire pour « dégeler la parole » et ouvrir l’accès à la psychothérapie pour certains patients qui ont des difficultés d’accès au cadre « classique » du soin en psychologie.
Par ailleurs, pour nos patientes et patients en fin de soins, un tel groupe peut aussi revêtir une grande importance. Certains suivis se prolongent en effet de cette façon pour certaines personnes, qui restent figées dans ce qui est de l’ordre d’un « besoin de lien social » conséquent à l’exclusion sociale dont ils souffrent dans le pays d’accueil.
Sur l’année 2024, une trentaine d’ateliers collectifs est prévue. Un premier groupe mixte d’une douzaine de patients francophones, de tout âge, a fait l’expérience de cet espace, où la parole, collective, réinsuffle du mouvement, du lien, du désir « d’aller vers ».