« Rentrer », après une période politique incertaine qui a fragilisé le vivre-ensemble en France, notre Centre est, en ce début d’automne, aux côtés de nos patientes et patients, face à des besoins en santé mentale toujours plus forts, dans un contexte de précarisation fort.
En dehors de son activité de soins régulière, qui mobilise 16 praticiens, le Centre Primo Levi va consacrer les derniers mois de 2024 à la poursuite des groupes thérapeutiques. Nous avions évoqué, il y a près d’un an, ces temps collectifs, à l’époque encore expérimentaux. Des temps qui réunissent chaque semaine sept à huit patientes et patients et qui répondent à la nécessité de pouvoir construire du lien social, et répondre à l’effet destructeur de la violence politique sur les relations avec autrui. Sur un plan thérapeutique, intégrer ce groupe de parole peut être un préalable nécessaire pour « dégeler la parole » et ouvrir l’accès à la psychothérapie pour certains patients qui ont des difficultés d’accès au cadre « classique » du soin en psychologie. Ces temps vont se poursuivre à raison de 10 séances d’ici le mois de décembre.
Une activité de transmission dense
Notre activité de transmission sera dense également, avec l’organisation de 6 formations autour des thématiques du corps, de l’accompagnement social, du droit d’asile, du traumatisme chez l’enfant, dans la famille. 11 formations seront aussi données dans des formats « sur mesure », à la demande de différents organismes d’accueil ou d’accompagnement des personnes exilées. Au total 12 membres de notre équipe seront mobilisés à Marseille, Angers, au Mans, à Toulouse ou à Lyon. Forte mobilisation par ailleurs pour les contributeurs de notre revue Mémoires. Après avoir exploré la thématique de la frontière, celle du vieillissement en exil, un sujet très rarement exploré, sera mis en avant dans notre dernier numéro de 2024. La transmission se fera aussi par les ondes numériques. En mai dernier, les premiers podcasts du Centre Primo Levi ont été mis en ligne pour, à travers trois épisodes de 12 mn, évoquer la notion de frontière. Une seconde série est prévue fin 2024.
En juillet, quelques jours après la dissolution de l’Assemblée nationale, le Centre Primo Levi a publié son rapport « Santé mentale des personnes exilées, une souffrance invisible ». Nous irons présenter ce rapport auprès des deux assemblées pour porter nos recommandations, à savoir une meilleure prise en compte de la souffrance psychique des personnes exilées dans le parcours d’asile, l’adaptation du droit commun à leur souffrance psychique et un accueil digne et adapté qui permette leur reconstruction mentale. Nous présenterons par ailleurs ces recommandations lors d’un webinaire organisé le 10 octobre prochain à l’occasion de la Journée internationale de la santé mentale, ouvert à toutes et tous.
Enfin, à l’automne nous travaillerons à la préparation des 30 ans du Centre Primo Levi, que nous célèbrerons en 2025, un moment majeur et rassembleur de notre histoire.