Selon le HCR, près de 3 millions de personnes, principalement des femmes et enfants, ont déjà quitté l’Ukraine sous la menace des bombes russes et plusieurs milliers d’entre eux vont certainement trouver refuge en France. Toutes et tous ont vécu le traumatisme de la guerre et de l’exil, faisant de l’accès à une protection internationale et à un soutien psychosocial la condition de leur reconstruction. Leurs souffrances, souvent invisibles, produites par la violence, la séparation, le deuil seront pour beaucoup complexes et durables. Elles peuvent s’installer durant des mois, des années voire toute une vie en l’absence de prise en charge globale et durable.
Cette prise en charge sur la durée est précisément l’approche du Centre Primo Levi qui soutient et soigne, sur une période de plusieurs années, les personnes victimes de la torture et de la violence politique exilées en France. Nous défendons aussi une approche pluridisciplinaire et individualisée, nécessaire pour que soient prises en compte les plaintes physiques et psychosomatiques, que soient écoutées les blessures et humiliations intimes, pour que ces personnes puissent dépasser les effets de la violence et être réhabilitées dans leurs droits. Il y a enfin de notre part une volonté de transmission et de soutien auprès des professionnels et bénévoles en lien avec les personnes exilées, dont le rôle d’accueil des victimes de l’’invasion russe est et sera déterminant dans leur reconstruction.
Le Centre Primo Levi a accueilli dès 2014 des personnes réfugiées en provenance d’Ukraine, fuyant la guerre déclenchée par les forces militaires soutenues et armées par le pouvoir de Vladimir Poutine dans l’Est du pays. Celles-ci, comme les milliers de déplacés actuels fuyant l’armée russe, avaient eu un parcours d’exil traumatisant et étaient arrivées dans un état de santé physique et mentale dégradé. Comme pour toutes les personnes que nous accompagnons depuis 25 ans, nous défendons un accès aux soins inconditionnel, sans suspicion de fraude et avec la présence d’un interprète lorsque cela est nécessaire.
Face à l’irruption de la guerre au cœur de notre continent européen, le Centre Primo Levi affirme par ailleurs sa volonté de défendre le droit d’asile. La protection temporaire accordée par l’Union européenne aux personnes réfugiées en provenance d’Ukraine est un geste fort, qui prouve par ailleurs que les outils juridiques nécessaires pour protéger et accompagner les personnes fuyant la guerre et la violence politique existent depuis longtemps. Chacune d’entre elles, quelle que soit sa nationalité, doit pouvoir accéder à un statut administratif protecteur, ainsi qu’à des conditions matérielles d’accueil respectueuses de sa dignité, conditions nécessaires pour permettre une stabilisation de son état de santé et envisager une lente reconstruction.