On évoque le plus souvent les demandeurs d’asile en termes de chiffres, de flux, de procédures… sans forcément s’arrêter sur leur vécu, leurs souffrances, les traumatismes dus aux violences subies et à l’exil auquel ils ont été contraints. Parmi eux : de nombreux enfants. Sur la seule année 2013, 14 536 enfants* accompagnant leurs parents ont demandé l’asile. Comment vivent-ils ? Qu’éprouvent-ils ? La France, signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, met-elle en place les moyens nécessaires pour les accueillir dignement, les aider à se construire et à vivre une enfance un tant soit peu normale ?
Centre de soins pour les victimes de la torture et de la violence politique exilées en France, le Centre Primo Levi, consacre depuis plusieurs années un espace d’accueil spécifique aux enfants et adolescents. Confronté à une constante augmentation des demandes de prise en charge et à la détérioration des conditions d’accueil, il tire aujourd’hui la sonnette d’alarme en publiant le Manifeste « Enfants victimes de la violence et de la guerre, quel accueil en France ? ».
Victimes directes ou témoins d’atrocités commises contre leurs proches, ces enfants ont souvent quitté leur pays à la hâte, laissant derrière eux des parents, des frères, des sœurs, leurs camarades, leur communauté, avant de parcourir un long chemin d’exil souvent miné de dangers. Arrivés en France, c’est le désenchantement. Là où ils pensaient retrouver un peu de stabilité, ils sont déplacés d’hôtels en hébergements d’urgence, vivent dans une très grande précarité. Recueil d’expériences et de témoignages, le Manifeste « Enfants victimes de la violence et de la guerre, quel accueil en France ? » donne la parole à différents professionnels qui les accompagnent, les soignent et les éduquent. Il pointe les nombreux dysfonctionnements dans l’accueil qui leur est réservé mais avance aussi, à l’heure où se dessine en France une réforme de l’asile, différentes recommandations.
* Demandes enregistrées auprès de l’OFPRA – Chiffre OFPRA Rapport d’activité 2013.