Viviane était institutrice au Cameroun. Maman de deux petits garçons et enceinte d’un troisième bébé, elle vivait dans une petite ville avec son mari et sa famille proche. Un jour, à 5 heures du matin, la police est venue l’arrêter au motif qu’elle avait participé à une manifestation de protestation contre l’échec du gouvernement à enrayer les violences sexuelles dans le pays. Après avoir frappé ses deux petits garçons à coups de fusils et avoir emmené son mari, ils l’ont violée et l’ont emmenée en prison où les violences n’ont pas cessé.
Au bout de plus d’un mois, son oncle est parvenu à payer les geôliers pour qu’elle puisse s’enfuir. Inquiète pour la survie de son futur bébé, elle cherche à rejoindre sa famille. Celle-ci lui fait comprendre qu’elle n’a pas le choix, qu’elle doit quitter le pays pour rester en vie et ne pas mettre ses proches en danger. Son oncle a dépensé ce qu’il restait de ses économies pour lui payer un billet d’avion pour Paris.
Sans nouvelles de son mari ni de ses fils, elle est aujourd’hui en France. Elle n’a nulle part où habiter, va de foyer d’urgence en hôtel de fortune. Elle a extrêmement peur que son bébé soit malformé ou en mauvaise santé. Elle pense sans cesse à ses enfants restés au pays, à son mari qui était si heureux à l’annonce de cette nouvelle naissance. En état de sidération, traumatisée physiquement et psychologiquement, elle n’arrive plus à émerger, à faire face aux actes les plus banals de la vie quotidienne.
En septembre 2014, lors de la rédaction de son dossier de demande d’asile, un bénévole d’association lui a indiqué le Centre Primo Levi. Ici, elle a pu déposer son lourd bagage, demander du soutien et des renseignements pour que son accouchement se passe le mieux possible, être rassurée sur la santé de son bébé, arrêter d’être habitée, hantée par les cauchemars et les angoisses qui l’habitent en permanence. Elle est désormais suivie par un psychologue qui l’aide à se projeter dans une nouvelle vie. Le médecin l’a orientée vers une maternité qui a l’habitude de prendre en charge des patientes en grande difficulté comme elle. L’assistante sociale a trouvé une place dans un centre maternel pour elle et son bébé qui devrait naître très bientôt. Elle lui a aussi indiqué un vestiaire où trouver des vêtements chauds pour l’hiver, une banque alimentaire où se procurer de quoi manger… Viviane commence à reprendre pied.
(Les noms ont été modifiés et la photo ne représente pas le patient en question)