Rafi est arrivé du Bangladesh, avec ses parents, militants d’un parti d’opposition. Il a rejoint GRAVIR, notre projet d’escalade, et nous a parlé de la sensation unique qu’il ressent en grimpant.
Pourquoi as-tu eu envie de participer aux séances d’escalade ?
J’avais vu plusieurs fois de l’escalade à la télévision, je me disais que ça pouvait me plaire. J’ai eu l’opportunité d’essayer et je me suis lancé.
Quelles ont été tes premières sensations ?
Un peu de peur au début. Thomas, du Club alpin français, nous a d’abord montré comment assurer notre partenaire, comment nouer la corde, comment installer une « moulinette ». Nous n’avons pas grimpé tout de suite. Au fur et à mesure des séances, je me suis senti mieux, je maitrise davantage les techniques pour monter, en utilisant plus les jambes, parce que j’utilise surtout mes bras, comme je suis par ailleurs boxeur. Avant de monter, il faut toujours vérifier et revérifier le matériel et avoir confiance en la personne qui va assurer. Surtout quand on fait ce qu’on appelle des chutes « volées », c’est-à-dire tomber volontairement quand on rate une prise, en prévenant la personne qui assure. C’est très impressionnant au début parce que cela suppose d’avoir une totale confiance dans son partenaire en bas.
Que t’apporte l’escalade ?
Ça me fait du bien, ça me « soulève » et me permet d’oublier beaucoup de choses de mon vécu, qui a été très dur. Ça m’aide beaucoup. Je fais quelque chose que j’aime, moi-même, quelque chose de fort. Plus la voie d’escalade est dure, plus je suis content de moi quand je la réussis. Et puis cette sensation de monter est très forte. Lors de la dernière séance, le mur était à 20m de haut. Je l’ai grimpé et je pouvais voir la Tour Eiffel et les Champs-Elysées. J’étais très fier, et surtout, quand je suis redescendu, tout le monde était en train de m’applaudir.