Un tiers des hommes, des femmes et des enfants qui sont arrivés par la mer en Italie ou en Grèce étaient des ressortissants syriens. Les Syriens sont considérés dans leur presque totalité comme pouvant bénéficier du statut de réfugié ou d’autres formes de protection. Les deuxième et troisième pays d’origine sont l’Afghanistan et l’Érythrée, dont les ressortissants sont également le plus souvent considérés comme pouvant bénéficier du statut de réfugié.
« Alors que l’Europe débat de la meilleure façon de gérer la crise qui s’aggrave en Méditerranée, nous devons être clairs : la plupart des personnes qui arrivent par la mer en Europe sont des réfugiés, en quête de protection après avoir fui la guerre et la persécution », a déclaré António Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.
Les statistiques reçues de la Grèce, l’Italie, Malte et l’Espagne font état d’une augmentation de 83 pour cent des réfugiés et des migrants ayant traversé la Méditerranée de janvier à juin – soit 137 000 personnes comparativement à 75 000 pour la même période en 2014. Historiquement, les traversées augmentent de manière significative durant la seconde moitié de l’année, en particulier au cours de l’été. Il faut donc s’attendre à ce que les chiffres continuent d’augmenter. Les arrivées durant la seconde moitié de 2014, par exemple, avaient presque doublé par rapport à celles du premier semestre.
Le nombre de décès en mer a atteint un pic en avril 2015, puis a chuté de façon spectaculaire en mai et juin. Entre janvier et mars, 479 réfugiés et migrants ont péri noyés ou sont portés disparus, contre 15 durant les trois premiers mois de 2014. En avril, la situation s’est fortement aggravée. Lors de plusieurs chavirages simultanés, un nombre sans précédent de 1308 réfugiés et migrants ont péri noyés ou sont portés disparus en un seul mois (en comparaison de 42 en avril 2014). En mai, le nombre de réfugiés et de migrants qui ont péri noyés ou sont portés disparus en mer a diminué à 68, soit un quart du chiffre enregistré seulement un an plus tôt (226). La tendance continue à la baisse au mois de juin, qui a été le théâtre de 12 décès par rapport à 305 en 2014.
« La baisse du nombre de personnes qui ont péri noyées durant ces deux derniers mois est encourageante ; c’est un signe qu’avec des politiques appropriées, soutenues par une réponse opérationnelle efficace, il est possible de sauver davantage de vies en mer », a indiqué António Guterres. « Néanmoins, nous devons rester vigilants. Pour les milliers de réfugiés et de migrants qui continuent de traverser la Méditerranée chaque semaine, les risques demeurent bien réels. »
Le rapport montre également que l’itinéraire de l’est de la Méditerranée depuis la Turquie vers la Grèce a désormais dépassé celui de la Méditerranée centrale (depuis l’Afrique du Nord vers l’Italie) en tant que principale source des arrivées maritimes.
La majorité des arrivants en Grèce sont des réfugiés syriens. Beaucoup ont d’abord fui en quête de sécurité vers des pays voisins, comme la Turquie et le Liban. Toutefois, après des années de pression croissante et de soutien international insuffisant, la situation économique et des infrastructures dans de nombreux pays hôtes de réfugiés est très difficile. Les réfugiés peuvent donc de moins en moins trouver du travail ou des logements ainsi que bénéficier de services de santé et d’éducation. Les appels de fonds humanitaires pour aider ces pays sont sous-financés et donc de nombreux réfugiés n’ont pas d’autre choix que de repartir vers d’autres pays hôtes.
En Grèce, une infrastructure limitée fournissant moins de 2000 places d’accueil au total est synonyme de conditions d’accueil insuffisantes pour les nouveaux arrivants. De nombreux réfugiés et migrants continuent leur voyage via l’ex-République yougoslave de Macédoine, la Serbie et la Hongrie. Chaque jour, plus de 1000 personnes en moyenne entrent dans l’ex-République yougoslave de Macédoine depuis la Grèce. Leur nombre était d’à peine 200 il y a quelques semaines. Des sources concordantes font état, sur cet itinéraire, de fréquents abus et de violences commis par des passeurs et des réseaux criminels, ainsi qu’un resserrement croissant des frontières.
« L’Europe a une responsabilité claire pour aider les personnes en quête de protection après qu’elles aient fui la guerre et la persécution », a déclaré António Guterres. « Renier cette responsabilité menace les fondements même du système humanitaire que l’Europe a difficilement construit. Les pays européens doivent assumer leur juste part de la réponse à la crise des réfugiés, sur leur propre territoire et dans d’autres Etats. »
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