Si seul un quart des personnes demandant l’asile en France obtient le statut de réfugié, c’est de toute évidence que les trois quarts restants sont des imposteurs, des migrants économiques « déguisés ». Il suffit de jeter un œil aux nationalités les plus présentes parmi les demandeurs d’asile pour s’en convaincre : tout le monde sait que la République démocratique du Congo, la Russie ou encore le Bangladesh sont des états de droit.
Au Centre Primo Levi, où 350 personnes victimes de la torture et de la violence politique sont prises en charge dans la durée (en moyenne 2 ans ½), 20% des patients ont été déboutés du droit d’asile. Les psychologues psychanalystes et les médecins sont unanimes : les séquelles physiques et psychologiques qui ont amené ces personnes à pousser la porte de ce centre de soins sont entièrement feintes. Monsieur F., par exemple, arrivé d’Erythrée avec sa femme et ses trois enfants, se plaignait de séquelles multiples : douleurs chroniques du dos, dentition détruite, insomnie récidivante, troubles anxio-dépressifs. Incapable de fournir un récit cohérent (il prétend avoir des troubles de la mémoire), il a été débouté du droit d’asile. Le problème, c’est que même s’ils ne peuvent plus bénéficier du dispositif d’accueil (centre d’hébergement, allocation temporaire d’attente), ces gens restent sur notre sol.
Heureusement, le projet actuel de réforme de l’asile, lancé en 2013 dans le but de « restaurer le droit d’asile » et adopté par le Sénat le 26 mai dernier, remet les choses et les personnes à leur juste place : pour éviter qu’ils ne sollicitent un titre de séjour pour un autre motif (santé, rapatriement familial), les déboutés recevront systématiquement une obligation de quitter le territoire français et seront conduits dans des « centres d’hébergement » spéciaux, tremplins magiques vers Roissy.
Quand on pense que l’Allemagne accorde une protection à 48,9% de ceux qui en font la demande ! Ils devraient prendre exemple sur notre système infaillible qui arrive parfaitement à distinguer les « vrais » demandeurs d’asile des « faux ». Pas besoin pour cela de 19 mois d’examen des dossiers, comme c’était le cas jusqu’à présent, ni même de 9 mois comme le prévoit la réforme : la procédure accélérée, qui sera à juste titre favorisée, suffit à faire la distinction.
Que l’Europe et l’ONU cessent de nous sermonner avec leurs conventions : à plus de dix reprises, ces dernières années, la Cour européenne des droits de l’homme s’est permis de nous condamner, nous, le pays des droits de l’homme ! Nous qui justement travaillons ensemble, main dans la main avec les acteurs associatifs, à restaurer le droit d’asile…
Signataires (membres du comité de soutien du Centre Primo Levi) :
Olivier Lecour Grandmaison (historien), Robert Guédiguian (cinéaste), Natalie Nougayrède (reporter, ancienne directrice du Monde), Rithy Panh (cinéaste), Serge Portelli (magistrat), Tzvetan Todorov (philosophe), Annette Wieviorka (historienne)