Faire « tenir », ce verbe résonne dans l’action du Centre Primo Levi comme un impératif. D’abord, faire « tenir » nos patientes et patients face aux effets de la violence et de la torture. Maintenir le lien avec la société pour que peu à peu des repères, détruits par la violence, reviennent, et qu’elles et ils redeviennent des sujets, actrices et acteurs de leur propre vie.
Faire « tenir » ensuite alors qu’en 2023 les séances avec nos psychologues ont de plus en plus débuté par la question : « Est-ce que vous avez mangé aujourd’hui ? ». De l’avis de notre équipe, jamais la précarité de nos patientes et patients n’avait été aussi intense, avec des conséquences lourdes sur l’accompagnement et un sentiment de gâchis.
Témoigner, enfin, alors qu’à 2 300 km de Paris, nos collègues du service de psychologie de l’hôpital de Lviv, en Ukraine, un des seuls services du pays à proposer une prise en charge psychologique des victimes de guerre, qui travaille dans une tension extrême, mais sans avoir eu une expérience poussée des effets du psycho-traumatisme. Cette expérience, le Centre Primo Levi leur a transmise en 2023, affirmant une nouvelle fois son rôle de passeur. Nous nous situons ainsi dans les pas du grand témoin, de ceux de Primo Levi, pour lequel témoigner était une nécessité.